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Si certains pays ont également centralisé la collecte des flux de paiement, d’autres, dont l’Italie, n’ont pas adopté la même stratégie, ce qui rend le processus encore plus difficile. “Bien que le modèle d’autorégulation pour la divulgation des paiements ait été annoncé comme une avancée majeure pour la transparence dans le secteur européen des soins de santé, son utilité pour identifier les conflits d’intérêts est minée par plusieurs problèmes”, lit-on dans une étude publiée par Science. grâce à l’utilisation d’Euros pour les données Docs.

L’article en pointe notamment deux : la fragmentation des données sur les sites des entreprises pharmaceutiques individuelles plutôt que dans un portail centralisé et l’incomplétude des données personnelles des professionnels de santé conformément à la protection de la vie privée introduite en Europe par le RGPD.

Les deux macro-rumeurs : recherche et non-recherche

Huit des onze pays considérés suivent les règles du code de conduite de l’EFPIA, qui considère le poste “recherche et développement” comme un poste total de dépenses forfaitaires, tandis que le reste des dépenses est réparti entre les professionnels de santé (dont les noms peuvent ou non être rendu public en fonction des politiques nationales) et les organisations (qui comprennent les hôpitaux, les cliniques, les organisations professionnelles, les universités).

  1. Au cours de la période triennale 2017-2019, le groupe de chercheurs a retracé 7,06 milliards d’euros de paiements en 1,4 million de transactions.
  2. La plus grosse dépense parmi les huit qui suivent les règles de comptage de l’EFPIA va à la “recherche et développement”, qui représente 58%.
  3. Parmi les postes exclus du forfait « recherche et développement », 26 % finissent dans les organismes de santé, principalement pour des parrainages et récompenses. 15% des dépenses non liées à la recherche vont plutôt aux agents de santé.

Les chercheurs d’Euros for Docs ont déjà contribué en 2018 à la série d’enquêtes PharmaPapers publiée par le magazine français indépendant Basta Mag dans la base de données étendue Euros for Docs.

Les données ont également été mises à disposition par le British Medical Journal en 2019, qui a souligné que les médecins qui n’ont pas reçu de cadeaux des sociétés pharmaceutiques sont également ceux qui ont le moins de prescriptions remboursées par visite ainsi qu’un nombre plus élevé de prescriptions pour médicaments équivalents.

Comme le résume la revue spécialisée Health International

Les médecins qui ne reçoivent aucun cadeau des industries de santé ont un profil de prescription moins cher pour le système de santé et de meilleurs indicateurs d’efficacité de prescription que ceux qui reçoivent des cadeaux.

Comme le résume la revue spécialisée Health InternationalPar ailleurs, l’étude a montré que même une faible valeur économique des cadeaux (gamme 10-69 €) a toujours un effet sur les prescriptions : un petit investissement de l’industrie pharmaceutique est donc fructueux ».

Le lien de causalité ne peut être considéré comme définitif, mais il indique à quel point une plus grande transparence peut contribuer à expliquer certaines dynamiques du système de santé européen.

L’origine d’une loi sur la transparence : l’affaire Mediator

La raison de l’attention française aux liens entre l’industrie pharmaceutique, les professionnels de santé et la politique s’explique par le processus dont nous sommes partis. Les prévenus étaient les Laboratoires Servier, producteurs du Mediator, un médicament contenant du.

Benfluorex utilisé “comme traitement d’appoint chez les patients diabétiques en surpoids”, explique l’EMA dans un document de 2010. En mars 2021, la société a été reconnue coupable d'”escroquerie aggravée” et ” homicide involontaire » par le Tribunal de Paris, alors qu’elle a été acquittée pour « escroquerie ».

En gros, selon ce qu’a écrit la juge Sylvie Daunis, malgré la connaissance des profils de risque du médicament, les responsables des laboratoires Servier “n’ont jamais pris les mesures nécessaires et ont donc trompé les consommateurs”.

  1. Ils n’ont pas vendu le faux, mais ils ont omis de communiquer des données très pertinentes à leurs clients.
  2. Au final, l’entreprise a écopé d’une amende de 2,7 millions d’euros.
  3. Lors du procès, le groupe Servier a également annoncé avoir reconnu l’indemnisation en tant que victimes de 3.732 patients, pour un total de 164,4 millions d’euros.